Nicolas Preault (CEO Tecnifibre) : « Nous sommes ambitieux mais avec des objectifs réalistes »

En ce week-end de finales à Roland-Garros, la joueuse polonaise Iga Swiatek, numéro 1 mondiale, fait figure de grande favorite après un parcours quasi parfait Porte d’Auteuil. Chez les messieurs le russe Daniil Medvedev numéro 2 mondial est désormais bien installé dans le top 5 mondial et vise bien sûr la première place. Un rang qu’il a d’ailleurs déjà occupé cette année. Mais saviez-vous que ces deux ténors du tennis mondial sont membres du team Tecnifibre ? Entretien avec le CEO de la marque française en pleine croissance, Nicolas Preault.

Bruno Cammalleri : Iga Swiatek et Joe Salisbury sont n°1 de leurs catégories respectives et Daniil Medvedev est proche de le redevenir après avoir occupé la première place du classement ATP début 2022. Tecnifibre est proche du hat-trick…

Nicolas Preault : il ne faut jamais perdre de vue la chance que l’on a de travailler dans le sport. Et le sport ce sont des émotions ! Des émotions très fortes qui touchent d’abord directement l’interne car c’est un élément de fierté, de motivation et de partage avec les équipes. Par exemple, nous avions publié une courte vidéo lorsque nous étions tous réunis pour la finale de l’US Open 2021 que Daniil Medvedev a remportée. Le téléphone nous filmait au moment de la balle de match et au moment où Daniil l’emporte ce fut une émotion incroyable. Cette vidéo est vite devenue virale ! Au-delà de l’interne, ce type de performance crée un élan extraordinaire autour de la marque et influe sur sa notoriété, sa crédibilité et sa légitimité partout dans le monde. D’autant plus que l’on a la chance d’être sur un sport très fortement médiatisé. Alors quand nos ambassadeurs Tecnifibre gagnent des grands tournois ou deviennent n°1 mondial, on dépasse largement le cap des fans de tennis et c’est très bénéfique pour nous.

Bruno Cammalleri : comment détecter les nouvelles pépites du tennis ?

Nicolas Preault : Daniil était 329ème à l’ATP quand il nous rejoint. Les projecteurs n’étaient alors pas braqués sur lui comme c’est le cas aujourd’hui et il avait déjà un caractère bien trempé. Il le dit lui-même : il était complètement dingue sur le terrain et il avait un style de jeu assez atypique. Nous avons des équipes dédiées au « scouting » (repérage) qui sont constamment aux quatre coins de la planète sur les courts de tennis. Et pas uniquement sur les grands tournois jeunes, mais aussi dans les clubs et les académies. Tout un travail de détection est fait de ce point de vue et on essaie par ce moyen de détecter les futures pépites. C’est un vrai savoir-faire chez Tecnifibre que nous avons renforcé avec le programme « Petits Crocos », développé en synergie avec Lacoste. A ce jour grâce aux « Petits Crocos » nous avons surement un voire le meilleur team de jeunes joueurs entre 10 et 14 ans. Ensuite entre 14 et 18 ans, il s’agit davantage d’un travail d’accompagnement et on peut encore citer Daniil comme exemple car lorsqu’il a signé chez nous on lui a mis à disposition une bourse de 50 000 dollars à la suite d’un challenge Tecnifibre qu’il a remporté. Cela lui a permis de financer sa saison. On l’a fait participer à différents camps d’entraînement avec d’autres jeunes joueurs où ils ont pu faire du partage d’expérience. On accompagne donc nos joueurs jusqu’au plus haut niveau. Une fois qu’ils l’atteignent, on entre plutôt dans une forme de collaboration où l’on va construire un partenariat avec de véritables ambassadeurs. On travaille sur les produits, la visibilité, la transmission pour les jeunes et le partage avec nos équipes en interne.

Bruno Cammalleri : avec la victoire de Daniil Medvedev à l’US Open 2021, sa finale à l’Open d’Australie 2022, la place de n°1 d’Iga Swiatek qui n’a perdu qu’un match depuis sa demi-finale à l’Open d’Australie en janvier dernier, on imagine un boost pour les ventes de Tecnifibre. Parvenez-vous à le quantifier ?

Nicolas Preault : au niveau des incidences sur la marque, c’est surtout de la notoriété, de la crédibilité et de la légitimité. Cela fait deux à trois années que l’on surfe sur une vague très positive. On termine 2021 à +30% par rapport à l’année de référence qui est 2019, en dépit du fait que 2021 était tronquée au début de l’année à cause de la covid. Sur 2022, nous sommes à une tendance à +50% et on devrait finir l’année à +40%. L’objectif sur les trois prochaines années est de multiplier par trois notre chiffre d’affaires. Nous sommes ambitieux mais avec des objectifs réalistes. Nous avons de belles progressions et plein d’idées en tête pour atteindre ces objectifs. Les victoires d’Iga et Daniil ont-elles une incidence directe sur ces chiffres ? Ce qui est certain c’est qu’ils nous apportent énormément sur ce qu’il nous manquait, c’est-à-dire se faire connaître dans le monde entier et être bien associé au tennis.

Bruno Cammalleri : Iga Swiatek a rejoint le team Tecnifibre en 2021. Pourquoi avoir misé sur cette joueuse ?

Nicolas Preault : on connaissait très bien Iga puisqu’elle a joué très longtemps avec nos raquettes quand elle était plus jeune. On a toujours suivi son parcours. Après avoir remporté Roland Garros en 2020, elle a décidé de remettre à plat un certain nombre de choses et notamment son équipementier. On s’est positionné, elle a fait des tests avec nous, elle a validé la raquette et à partir de ce moment on s’est assis avec elle pour construire le projet : sa raquette, la signature sur sa raquette qu’on commercialise, la façon dont elle intervient sur nos communications…. C’est donc une volonté commune : Iga voulait jouer avec la raquette Tecnifibre. Elle le dit elle-même, elle en est tombée amoureuse et on en voit les résultats. Chez Tecnifibre, on avait bien perçu tout le potentiel d’Iga. Mais surtout, au-delà du potentiel que beaucoup de joueurs ont, c’est son mental d’acier et le fait qu’elle a su très bien s’entourer. C’est aussi ça qui fait une championne ou un champion : la capacité à bien s’entourer et à mener son projet.

Bruno Cammalleri : il y a un an vous nous annonciez que Lacoste confiait à Tecnifibre sa distribution mondiale spécialisée tennis & golf à partir de la collection printemps/été 2022. Où en êtes-vous dans vos synergies avec Lacoste ?

Nicolas Preault : l’une des raisons d’être de Tecnifibre au sein du Groupe MF Brands (également composé de Lacoste, The Kooples, Gant et Aigle) c’est son positionnement d’expert du sport performance. C’est ce que l’on démontre depuis 2018. Lacoste nous a effectivement confié cette distribution mondiale et il se trouve que les résultats sont très bons. On est tous enthousiastes à ce sujet, à tel point que l’on va élargir notre spectre d’action car nous allons aussi intervenir sur d’autres territoires pour qu’à terme la distribution des produits Lacoste destinée aux joueurs de tennis et de golf couvre vraiment le monde entier. Nous avons voulu dans un premier temps nous construire une expérience sur les territoires que l’on maîtrisait bien avec une intervention directe (Etats-Unis, Espagne, Portugal, France, Autriche etc…). On s’est forgé une solide expérience et nous allons aussi pouvoir travailler avec des pays qui sont pilotés sur la marque Tecnifibre via les distributeurs.

Bruno Cammalleri : l’identité de marque de Tecnifibre autour du FightSmart évolue-t-elle ?

Nicolas Preault : l’identité de la marque associée à son logo ne va pas bouger. Le FightSmart était davantage un « claim ». J’ai nommé il y a six mois Matthieu Bauduin à la tête du marketing de Tecnifibre. Nous avons rationalisé la plateforme de marque et nous avons un nouveau claim qui est « Unlock Every Player’s Potential ». L’idée majeure derrière ce claim est que quand vous jouez avec un produit Tecnifibre, vous jouez mieux !