Être le premier paraplégique à prendre le départ de l’Enduropale du Touquet, le nouveau défi d’Axel Alletru

Non-ordinary driver. C’est le slogan et la philosophie d’Axel Alletru qui va devenir le premier paraplégique à prendre le départ de l’Enduropale du Touquet, dimanche 4 février 2024. Devenu paraplégique à l’âge de 20 ans après une chute lors des championnats du monde de motocross MX2 2010 en Lettonie, Axel Alletru n’a pas délaissé le milieu des sports mécaniques qu’il affectionne tant et s’est même lancé dans de nouvelles disciplines comme la natation-handisport avec 12 titres de champion de France à la clé et un titre de champion d’Europe, sans oublier le Dakar 2020. Un parcours de vie, un mental et une résilience hors-normes qu’Axel partage à travers des conférences s’adressant aux entreprises. A quelques jours de son nouveau défi, rencontre avec Alex Alletru.

Bruno Cammalleri : Vous avez participé à des compétitions dans plusieurs disciplines dont le moto-cross, le rallye-raid, la natation… d’où vient votre passion pour les sports mécaniques ?

Axel Alletru : Je suis tombé dans cette passion quand j’étais petit : je voyais mon père rouler et cela m’a donné envie de rouler à mon tour. J’ai très vite voulu monter sur une moto. Voilà comment a commencé mon histoire ! Bien souvent, quand on a un oncle, un frère, un père qui roule en moto, on veut tout de suite les imiter et rouler aussi.

Bruno Cammalleri : Votre passion pour les sports mécaniques vous a mené sur le Dakar en 2020 dans la catégorie SSV…

Axel Alletru : Oui en effet, j’ai terminé à la 7ème place du classement général de la catégorie SSV et je gagne dans la catégorie T4 ! Cette aventure de 2020 était un gros projet qui demandait énormément de fonds que j’avais pu lever. Pour mon challenge de 2024, l’Enduropale du Touquet, j’ai la chance de mieux connaître le milieu et d’avoir de bons contacts. C’est donc beaucoup plus facile sur cette aventure. En 2020 je me suis lancé dans l’inconnu car je ne connaissais pas le Dakar. On avait lancé le slogan et le hashtag #JEPEUX2020, et aujourd’hui on repart à nouveau sur une aventure et nous relançons le hashtag qui s’appelle cette fois #JEPEUX2024.

Bruno Cammalleri : Pourquoi vous lancez-vous dans l’Enduropale du Touquet 2024 ?

Axel Alletru : Tout d’abord l’Enduropale du Touquet a toujours été une course que j’ai beaucoup suivi, mais je n’ai malheureusement jamais pu y participer car à l’époque je n’avais pas l’âge exigé étant donné qu’il fallait avoir 18 ans. Cela était resté comme un regret dans ma vie de ne pas avoir pu y participer. C’est un événement énorme qui rassemble 400 000 spectateurs en moyenne, voire davantage sur l’ensemble du week-end. C’est un grand week-end dans le nord et c’est un événement dont la notoriété dépasse l’univers de la moto. Pour moi l’objectif sera surtout de prendre du plaisir car être au départ est déjà une énorme victoire. Du jour où on m’a annoncé que je ne remarcherai jamais à aujourd’hui être au départ de l’Enduropale du Touquet en 2024… c’est quelque chose d’assez extraordinaire ! Cependant, si je souhaite avant tout prendre du plaisir, l’objectif évoluera au fur et à mesure de la course. Si je peux faire plus je le ferai, et si je ne peux pas je ne le ferai pas. En tous cas être au départ avec les valides c’est quand même dingue !

Bruno Cammalleri : Comment se prépare-t-on à une telle course ?

Axel Alletru : En amont d’une telle course il faut évaluer chaque détail. C’est un projet qui pour moi est en route depuis 2 ans avec donc une longue préparation. J’ai la chance d’être très bien entouré avec des personnes de confiance et des personnes qui me connaissent de l’époque. Donc déjà quand on part de la sorte on sait qu’on ne part pas de zéro parce que mentalement on élimine beaucoup de problèmes. Il y a bien sur beaucoup de travail physique, puis j’ai une équipe qui s’occupe de la moto et une équipe autour de moi sur le marketing et la communication. Chacun a son rôle bien défini. Je dis souvent qu’une victoire est collective car c’est ensemble que l’on avance et que l’on fait lever tous les verrous que l’on peut rencontrer sur un tel projet.

Bruno Cammalleri : Dans vos conférences où vous partagez votre expérience de vie et votre parcours de sportif de haut niveau, vous parlez beaucoup de préparation mentale avec des concepts comme la visualisation ou encore la résilience. Pouvez-vous nous en dire plus sur ces notions ?

Axel Alletru : Dans le sport en tant qu’athlète on utilise la préparation mentale qui est un dérivé de la visualisation. J’ai utilisé la visualisation lors de ma rééducation et cela a bien fonctionné. On ne sait pas à quel niveau mais cela a fonctionné. Dans tous mes projets j’essaie de faire de la visualisation créatrice où le but est de se projeter. Comment cela fonctionne ? Il faut visualiser le moment que vous voulez réaliser, 3 fois 3 minutes par jour, avec une image mentale du défi ou projet en question. Et ce n’est pas facile de répéter cette visualisation tous les jours à cette fréquence de 3 fois 3 minutes, mais il a été prouvé que cette technique pouvait entraîner des résultats concrets.

La visualisation marche dans le cadre professionnel comme personnel. Mettre en place la visualisation au sein d’une entreprise, ça fonctionne. Je parle aussi beaucoup de résilience dans toutes mes conférences : tant que vous n’avez pas accepté un échec ou une situation qui vous bloque dans le passé, vous ne pourrez jamais avancé sur un nouvel objectif. La résilience c’est accepter une situation donnée pour se délivrer du passé empoisonné afin d’en sortir grandi. In fine, cela permet d’avancer plutôt que de rester bloqué dans le passé et dans une forme de « c’était mieux avant ». Si on se dit que c’était mieux avant, on ne pourra jamais avancer ! Bien entendu ce principe est transposable dans la sphère de l’entreprise où l’on peut faire face au quotidien à des crises, des coupures budgétaires etc… On doit être en capacité de faire face à ces changements en trouvant des solutions, sans être bloqué dans le passé car le concurrent va surement comprendre le marché et innover par rapport à ces changements pour continuer à performer et entretenir une dynamique de croissance.

Bruno Cammalleri : Quels sont les partenaires qui vous soutiennent et comment les recherchez-vous ?

Axel Alletru : J’ai la chance d’avoir des partenaires qui m’accompagnent dans mes défis. Ce sont des partenaires qui font sens au quotidien comme Isseo Assurances. Il s’agit d’un assureur dans le domaine du handicap. Il faut dire que les personnes en situation de handicap ont toujours des difficultés à s’assurer au vu du coût financier ou des adaptations qui ne sont pas forcément assurées… Isseo Assurances a pris ce créneau et assume d’assurer le matériel de personnes en situation de handicap (la rampe, l’accélérateur, le frein à main…) avec un malus beaucoup moins élevé que pour une assurance classique. Face aux coûts qui sont de plus en plus élevés, le partenariat avec Isseo Assurances fait vraiment sens pour moi. Par ailleurs, j’ai aussi cette casquette de conférencier qui intéresse beaucoup car on me demande souvent de partager mon histoire aux collaborateurs d’une entreprise en interne. Certaines entreprises peuvent me rejoindre car elles vont aimer l’histoire et les valeurs associées. On essaie alors de créer ensemble un message commun. Si ça matche les entreprises peuvent rejoindre l’aventure selon le budget de chacune. Je fais une cinquantaine de conférences par an et cela m’aide à financer mes projets.