Coupe du Monde de Rugby (fin)

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Comme dirait Grégoire, "si tu blogues pas t’es mort", je vous mets un lien d’un article que j’ai redigé. Cet article est un peu un résumé des conséquences économiques de la Coupe du Monde du Rugby qui a pris fin hier soir avec la victoire de l’Afrique du Sud sur l’Angleterre.

Alors que le Centre de Droit et d’Economie du Sport (CDES) de Limoges a été sollicité par le Ministère de la Santé, de la Jeunesse et des Sports pour réaliser une étude plus précise sur l’impact économique de la Coupe du Monde de Rugby, je passe en revue les différentes retombées de cette Coupe du Monde.

 

Que retiendra-t-on de cette Coupe du Monde, édition 2007 qui s’est déroulée (en grande majorité) sur le sol français ?

Sportivement, cette Coupe du Monde n’aura pas vu la victoire du coq français piqué au vif par la rose anglaise en demi-finale le 12 octobre dernier. Néanmoins, la compétition organisée dans l’Hexagone a été une réussite à plusieurs niveaux. Les audiences des émissions télévisées ont atteint des records qui ont permis de dégager des recettes publicitaires extrêmement favorables pour les chaînes retransmettant cet événement. De même cette Coupe du Monde a dopé  d’autres secteurs de l’économie et par la même occasion a permis à des entreprises de communiquer en utilisant l’image de joueurs.
Sur un plan économique, cette Coupe du Monde restera probablement dans les annales grâce à sa médiatisation. Même si la médiatisation autour de cette Coupe du Monde reste plus faible que la Coupe du Monde de football selon Bruno Lalande, directeur de TNS Sport (22.492 UBM  pour le rugby contre 33.600 pour la Coupe du Monde 2006 en Allemagne), la part de la coupe du monde de rugby dans l’information sportive en septembre 2007 atteint les 66% soit plus de 25 heures cumulées de reportage et d’extraits, du jamais vu pour le rugby français. Et qui parle de télévision parle de recettes publicitaires et à ce niveau-là ce sont bien évidemment les détenteurs de droits télé qui se frottent les mains. En France, TF1 a progressivement fait augmenter le prix de ces droits télé au fil de la compétition (130 000€ les 30 sec lors de France vs Nouvelle-Zélande ; 150 000€ pour France vs Angleterre) s’assurant des recettes couvrant la somme dépensée pour l’acquisition de ces droits télé soit 40 millions d’euros. Selon Yacast, le groupe TF1 a engrangé, en données brutes, 42 millions de recettes publicitaires et ce, au 16 octobre 2007. D’après la société d’études, 156 annonceurs ont diffusé des spots sur les écrans de TF1 et de sa filiale Eurosport depuis le match d’ouverture jusqu’à la fin des quarts de finale. Orange France arrive en tête des « meilleurs » investisseurs publicitaires avec 2,5 millions euros, devant Peugeot (1,9 million d’euros) et Toyota (1,5 million d’euros).  En Angleterre, ITV a obtenu les droits de retransmission de cette Coupe du Monde et le prix évoqué pour un spot publicitaire de 30 secondes lors de la finale tournerait aux alentours des £300,000 (430,000€) soit plus de 2,5 millions d’euros pour 3 minutes de réclames. Ajouté à ça le Grand Prix du Brésil qui a lieu le lendemain de la finale de la coupe du monde, ITV devrait empocher près de 16 millions de livres en revenu publicitaire pour le weekend du 20 octobre!! Le quotidien L’Equipe a aussi profité de cet engouement et a réalisé sa meilleure vente le 7 octobre après la victoire de la France face à la Nouvelle-Zélande (702 918 exemplaires) alors que son site web a vu sa fréquentation augmenter de 61% rien que sur le mois de septembre (3,350 millions de visiteurs uniques).
Dans les tribunes, le public s’est féminisé et rajeunit. Les femmes ont représenté 41 % de l’audience totale des six matchs de la Coupe du monde joués par la France et diffusés sur TF1, soit légèrement mieux que pour le Mondial 2006 (39,7%). Les 4-14 ans ont représenté 8,7% de l’audience des Bleus, un chiffre presque égal à celui du football (9,5%).

Le ballon ovale dope aussi d’autres secteurs que les médias comme la vente d’écrans plats. Selon l’institut GfK, la grande fête de l’Ovalie aura contribué à faire vendre pour 60 millions d’euros de téléviseurs à elle seule sur l’année 2007, soit une « surconsommation » de plus de 70.000 écrans plats par rapport aux prévisions. Le cabinet d’études marketing estime à 720.000 les ventes d’écrans plats (LCD et plasma) vendus sur les seuls mois d’août et de septembre, ce qui représente une croissance de 84 % par rapport à la même période de 2006.
La Coupe du Monde de Rugby a aussi été un succès au niveau touristique puisqu’elle a attiré près de 350 000 visiteurs étrangers et ce, au plus grand bonheur de Jean-Louis Zevaco, le directeur général de Mondisera, la centrale de réservation mise en place par le groupe Accor pour l’événement. Il précise : « Notre objectif commercial est atteint, sans « couac », ni délogement. Avec l’agréable surprise de constater que dans les 10 villes concernées, le Mondial a rempli les hôtels sans porter préjudice à la clientèle habituelle ». Bonne nouvelle relayée par Luc Châtel, secrétaire d’Etat en charge de la Consommation et du Tourisme, qui a indiqué que l’événement devrait générer un chiffre d’affaires hôtelier de 100 à 150 millions. « Les supporters de rugby dépensent plus que ceux de foot, a dit Luc Châtel. Les Néo-Zélandais et les Australiens n’ont pas hésité à débourser entre 10.000 et 15.000 dollars pour un séjour en France ». Même s’il est difficile de distinguer les incidences économiques de la Coupe du monde au cours du mois de septembre qui est traditionnellement un très bon mois au niveau du tourisme, il semblerait que la compétition ait alimenté une bonne fin de saison estivale pour l’hôtellerie française, qui a déjà bénéficié d’un bon début de saison malgré la météo que tout le monde connaît.
Au niveau des contrats publicitaires, Sébastien Chabal est sans conteste le roi de cette Coupe du Monde. Le joueur de Sale est devenu une icône et a donc attiré les sponsors. Poweo fut le premier à utiliser l’image du deuxième ligne, à leurs dépens puisque la publicité, diffusée sur Internet, n’a pas fait long feu. En effet, on y voyait un avatar de Sébastien Chabal mettre les doigts dans une prise pour trouver de l’énergie. Un message jugé dangereux pour les nombreux enfants « chabalmaniaques ». Même si un joueur de rugby ne pourra certainement pas profiter de l’aura d’un footballeur, beaucoup de joueurs du XV de France sont sous contrats comme Christophe Dominici (Gillette, BNP Paribas, Nike, Head&Shoulders), Frédéric Michalak (Biotherm, Le Coq Sportif et Quick) ou Dimitri Szarzewski (Eden Park, Force XV et Nike). On peut s’attendre à ce que des joueurs comme Thierry Dusautoir, auteur d’une Coupe du Monde remarquable, signent à son tour quelques contrats.

Cette Coupe du Monde a donc été profitable sur le plan économique autant pour les entreprises que pour le GIP (groupement d’intérêt public composé à 52% de la FFR, à 46% de l’Etat et à 2% du CNOSF) qui a réussi à remplir les stades et dégager un bénéfice de 5,5 millions d’euros sur un budget global de 218 millions d’euros. Mais le plus important reste l’après-Coupe du Monde ou comment faire en sorte que cette Coupe du Monde reste profitable dans les années à venir.
En effet, pour transformer l’essai de cette Coupe du Monde qui a passionné les foules, les instances du rugby devront se lancer dans une modernisation de ses infrastructures. Profitant d’une capacité moindre par rapport au football, les clubs pourront mettre l’accent sur la qualité au lieu de la quantité comme cela est fait au stade Yves-du-Manoir à Montpellier ou pour le Biarritz Olympique. En effet, pour Stéphane Pottier, « il est essentiel de renforcer la robustesse d’un modèle économique qui repose fortement sur la billetterie et les produits d’hospitalité, en mettant l’accent sur des infrastructures de qualité, notamment en matière d’accueil VIP ».
Au niveau de la pratique de rugby, les clubs de rugby de l’Hexagone croulent sous les demandes de nouvelles licences, en particulier chez les moins de 15 ans, avec une hausse de l’ordre de 20%, selon Guy Piéra, vice-président de la FFR. Un public jeune qui permet à la discipline de voir l’avenir en bleu. Mais il va falloir trouver les éducateurs et les équipements. Dossier sur lequel Bernard Laporte va se pencher lorsqu’il prendra les fonctions de Secrétaire d’Etat à la Jeunesse et aux Sports dès lundi matin.