Monarch Collective mise sur le sport féminin

L’investissement dans le sport féminin franchit une nouvelle étape avec l’entrée de Monarch Collective à 38 % dans le Viktoria Berlin. Ce fonds américain, déjà actif sur le marché nord-américain et exclusivement consacré aux investissements dans le sport féminin, choisit l’Europe pour développer un modèle plus structuré, plus professionnalisé et plus attractif pour les marques. Ce mouvement n’est pas isolé. Il traduit la volonté de certains investisseurs de faire du féminin un actif sportif à part entière, et plus seulement une section dépendante d’un club masculin.

Monarch Collective, un fonds pensé pour le féminin

Monarch Collective n’arrive pas par hasard sur ce dossier. Le fonds a été créé pour financer des projets dédiés au sport féminin. Son objectif est clair : identifier des clubs ou des championnats capables de croître vite grâce à de nouveaux revenus, à une meilleure exploitation média et à des partenariats plus ambitieux. En prenant une participation dans le Viktoria Berlin, Monarch montre qu’il existe en Europe des structures prêtes à accueillir ce type de capitaux. L’opération envoie aussi un message au marché : le football féminin européen peut attirer des tickets venus des États-Unis. C’est un signe très fort pour toutes les directions de clubs qui cherchent à se financer sans dépendre du masculin.

Un contexte qui devient favorable

Cet investissement dans le sport féminin arrive dans un moment où les audiences et les revenus progressent. En effet, le cabinet Deloitte  indique que les revenus mondiaux du sport féminin d’élite sont passés de 981 M$ en 2023 à 1,88 Md$ en 2024, et sont projetés à 2,35 Md$ en 2025. Les ligues féminines se professionnalisent. Les droits audiovisuels commencent à être mieux valorisés. Les sponsors veulent associer leur image à des valeurs d’inclusion, de performance et de modernité. Les clubs, eux, savent que la croissance passera par des contenus plus réguliers, par des expériences fans mieux construites et par des partenariats activés sur le long terme. L’arrivée d’un fonds spécialisé aide à aller plus vite sur ces trois chantiers. Elle aide aussi à crédibiliser le secteur auprès d’autres investisseurs.

Une dynamique encore très américaine

Il faut cependant noter un point clé. Aujourd’hui, une grande partie de l’argent qui arrive sur le féminin vient des États-Unis. Les exemples de la NWSL, d’Angel City FC ou d’équipes soutenues par des célébrités ont montré que le produit “women’s sports” pouvait générer de l’engagement et des revenus. Monarch applique en Europe une méthode déjà éprouvée en Amérique du Nord. Ce n’est pas encore un mouvement massif venu du Moyen-Orient ou d’Asie. Ce n’est pas encore non plus un mouvement très domestique en Europe. Mais l’opération Viktoria Berlin peut servir de cas d’école et attirer d’autres capitaux, y compris européens, si la valorisation progresse.

L’investissement dans le sport féminin, véritable tendance ?

On peut parler d’une tendance en effet, mais d’une tendance qui se construit par paliers. D’abord, il y a plus d’opérations visibles. Ensuite, les cibles s’européanisent. Enfin, les investisseurs ne parlent plus seulement de RSE. Ils parlent de performance, d’audience et de valeur de revente. L’investissement dans le sport féminin commence donc à ressembler à un vrai segment de marché. Si, dans les prochains mois, on voit arriver un acteur venu du Golfe, d’Asie ou d’Europe du Nord sur une équipe féminine premium, on pourra dire que le féminin devient aussi un outil de soft power. Pour l’instant, on est surtout dans une phase de structuration tirée par les États-Unis.

« Le sport féminin devient bankable »

Pour les marques, cette évolution est une bonne nouvelle. Elle signifie que les clubs féminins vont disposer de moyens, de contenus et de temps pour construire de vraies plateformes de partenariat. Elle signifie aussi que les sponsors pourront exiger plus de données, plus de récurrence et plus de qualité dans l’activation. Pour les détenteurs de droits, le message est limpide : le féminin n’est plus un produit annexe. C’est un produit qui peut générer de la valeur, à condition de raconter une histoire claire et de s’ouvrir aux investisseurs.