Thomas Jacquemier (Limoges CSP) : « Devenir Société à mission, c’est affirmer que la performance sportive et la responsabilité sociale vont de pair »

Seul club hexagonal sacré champion d’Europe en 1993, le Limoges CSP franchit une étape historique en devenant le premier club de basket masculin en France à adopter le statut d’entreprise à mission. Cette démarche unique dans le paysage sportif marque une volonté forte de changer de modèle économique et replacer le club au cœur de son territoire en inscrivant des objectifs sociaux et environnementaux dans ses statuts, au même titre que la performance sportive. Sous l’impulsion de son président Lionel Peluhet, de Xavier Bonnafy (président exécutif) et de Thomas Jacquemier (directeur exécutif), le club a engagé depuis un an une réflexion profonde avec toutes ses parties prenantes : joueurs, salariés, supporters, bénévoles, partenaires et institutions.

Sportsmarketing.fr a rencontré le directeur exécutif du Limoges CSP Thomas Jacquemier pour en savoir plus sur cette démarche.

Bruno Cammalleri : Quel fut le point de départ et les raisons qui ont poussé le Limoges CSP à engager cette réflexion pour devenir entreprise à mission ? Pourquoi lancer cette démarche à ce moment précis ?

Thomas Jacquemier : Le CSP a toujours été bien plus qu’un club. C’est une institution qui appartient à un territoire, à une communauté de passionnés. Mais ces dernières années, nous avons ressenti le besoin de redonner du sens à notre action, de nous interroger sur notre rôle au-delà du terrain.

Devenir Société à mission, c’est affirmer que la performance sportive et la responsabilité sociale vont de pair. Nous avons voulu inscrire dans nos statuts notre engagement pour le territoire, pour les jeunes, pour l’inclusion, pour l’environnement et pour la santé.

Ce moment est charnière : le club entre dans une nouvelle étape de son histoire, avec la volonté de se réinventer sans renier son identité. C’est une façon de traduire notre ambition de transformation de manière concrète et durable.

Bruno Cammalleri : Le Limoges CSP souligne l’importance de replacer le club au cœur de son territoire, de jouer pour ce territoire et de le faire rayonner. Justement, quelles sont les caractéristiques les plus marquantes de ce territoire, quelle est son identité et sa singularité ?

Thomas Jacquemier : La nouvelle Aquitaine, Le Limousin et Limoges, c’est avant tout une terre de fidélité, de travail et de passion. Une région où l’attachement au collectif et à l’effort compte plus que les paillettes.

Ici, le sport est un repère, un facteur de fierté et de cohésion. Limoges CSP incarne cette identité : un club populaire, exigeant, qui n’a jamais cessé de se battre avec ses moyens, mais avec le cœur.

Ce territoire a aussi une richesse souvent méconnue : celle de ses savoir-faire et de ses expertises locales, notamment dans des domaines clés comme la gestion et la préservation de l’eau, la valorisation des ressources naturelles ou encore l’innovation industrielle durable.

Mettre en avant ces expertises, c’est une façon de montrer que la Nouvelle Aquitaine est un territoire d’avenir, qui invente des solutions concrètes pour un monde plus responsable. Et le CSP, à son échelle, veut contribuer à ce rayonnement-là.

Bruno Cammalleri : Comment développer concrètement une culture de la responsabilité environnementale au sein du club et de son écosystème ?

Thomas Jacquemier : Nous voulons faire de la responsabilité environnementale une évidence, pas une contrainte. Cela passe d’abord par des gestes concrets : limiter notre empreinte carbone lors des déplacements, améliorer la gestion des déchets et de l’eau à Beaublanc, privilégier des partenariats et des fournisseurs locaux.

Mais c’est aussi une question de culture : sensibiliser nos joueurs, nos salariés, nos supporters et partenaires à ces enjeux, et en faire un sujet de fierté collective et de partage de l’expertise sur le territoire. Nous travaillons déjà avec des acteurs du territoire pour imaginer des solutions concrètes, adaptées à notre réalité de club professionnel.

Bruno Cammalleri : Comment favoriser l’accès à la pratique sportive pour tous les publics ?

Thomas Jacquemier : Le sport est un formidable outil d’inclusion et d’éducation. Notre responsabilité, c’est d’en ouvrir les portes le plus largement possible.

Nous développons des actions avec les écoles, les associations et les collectivités pour faire découvrir le basket à des publics éloignés de la pratique : jeunes issus de quartiers prioritaires, personnes en situation de handicap, ou encore seniors.

Cet été, nous avons souhaité renforcer les synergies avec le club féminin du LABC, afin de mutualiser nos ressources et offrir plus de visibilité aux joueuses talentueuses de notre territoire. Le basket féminin mérite toute la reconnaissance et la mise en lumière qu’il apporte au sport local, c’est un levier puissant pour inspirer les jeunes filles et promouvoir une pratique plus inclusive.

L’idée, c’est de montrer que le CSP n’est pas seulement un club d’élite, mais une maison ouverte à tous ceux qui croient dans les valeurs du sport.

Bruno Cammalleri : Avez-vous prévu d’ores-et-déjà des actions autour du sport santé ?

Thomas Jacquemier : Oui, c’est une des priorités que nous avons identifiées parmi nos engagements. Nous souhaitons développer des programmes autour du sport santé, en lien avec les acteurs locaux du monde médical et associatif, par exemple l’association Rondisport avec laquelle nous animons des ateliers auprès des jeunes pour sensibiliser aux risques de la sédentarité. Nous travaillons également sur un programme de sensibilisation et de valorisation des Interventions Non Médicamenteuses, la mise en avant de protocoles, qui, par le sport, réduise les risques de pathologies et préviennent les risques. Cela devrait être dans les prochaines années un sujet de santé publique.

Cela pourra passer par des ateliers, des séances encadrées pour les publics à risque, ou encore des actions autour de la santé mentale et du bien-être des jeunes.

Le sport est un levier puissant de prévention et de lien social, et nous avons la légitimité et la responsabilité de le mettre au service de tous.