Sky et BT seront les prochains diffuseurs de la Premier League

BSkyB vient de sécuriser 5 lots des droits TV domestiques de la Premier League, alors que BT, sans doute le plus improbable des candidats, a remporté les 2 autres lots de matchs live mis en enchère par la Premier League.

Les revenus issus de la vente des droits TV atteigneront la somme de 3.018 milliards de livres sterling soit 3.7 milliards d’euros, une augmentation significative par rapport à la précédente période durant laquelle les droits TV s’étaient vendus pour 1.78 milliards de livres soit 2.1 milliards d’euros, déjà un record à l’époque ! Cela représente donc une augmentation de plus de 70% des droits TV de la Premier League, où évoluent les français Samir Nasri, Patrice Evra, Laurent Koscielny ou encore Yohan Cabaye, qui disputent d’ailleurs en ce moment l’EURO 2012 avec les Bleus. En France, pour la même période, les droits de la Ligue 1 se sont vendus 685 millions d’euros (entre BeInSport, Canal+, Dailymotion L’Equipe TV, YouTube & Orange mobile), soit 5 fois moins que les droits de la Premier League !

Ce chiffre est très clairement impressionnant, indépendamment de la mise en vente de 40 matchs supplémentaires, et signifie un revenus supplémentaire conséquent pour les clubs de la Premier League, et ce avant même la vente des droits à l’international qui rapporteront bien évidemment encore plus de revenus à la Premier League.

L’annonce de mercredi entraine inévitablement l’arrêt d’ESPN qui ne diffusera plus de matchs de la Premier League, et surtout, marque un coup d’arrêt dans le développement d’Al Jazeera en Angleterre. En effet, la chaîne était considérée comme favorite et se retrouve bredouille pour les années 2013 à 2016. Néanmoins, à date, nous ne savons pas si Al Jazeera a officiellement formulé une réponse à l’appel d’offres.

De son côté, BT devrait lancer une nouvelle chaîne sportive pour diffuser les matchs puisque l’opérateur historique de télécommunications anglais a hérité de 38 matchs en live et notamment le match du Samedi midi, souvent occupé par de grosses affiches et créé pour satisfaire l’audience asiatique, les matchs du milieu de la semaine et les matchs des jours fériés. Le tout pour la modique somme de 246 millions de livres par saison !

BSkyB, le groupe qui gère les chaînes de TV Sky, s’est engagé à payer un montant de 760 million de livres par an pour 116 matchs en direct soit 934.5 millions d’euros, un vrai signe fort de la part du groupe qui est diffuseur de la Premier League depuis près de 20 ans maintenant.  Les lots remportés par Sky comprennent les matchs du Samedi fin d’après-midi, les matchs du Dimanche et du Lundi soir, permettant à Sky de garder ses appellations « Super Sunday » et « Monday Night Football », maintenant connus du grand public.

La Premier League a publié son Appel d’Offres au mois de mai dernier pour ses droits TV domestique et ce pour la saison 2013 à 2106. L’Appel d’Offres comprenait un total record de 154 matchs par saison, répartis en 7 lots, avec 5 lots de 26 matchs et 2 lots de 12 matchs avec la condition et l’obligation qu’un candidat ne puisse remporter plus de 116 matchs.

Pour la Premier League, cet appel d’offres offre « une offre plus attractive et convaincante pour les diffuseurs et les fans, tout en protégeant la fenêtre du Samedi après-midi et minimisant le risque de voir le calendrier de diffusion des matchs modifié en profondeur ». BT crée donc la surprise en acquérant 38 matchs par an et notamment près de la moitié des « premiers choix », permettant à la chaîne de récupérer des affiches du championnat., un gain qui a surpris Richard Scudamore, le patron de la Premier League, (à droite),  affirmant que l’arrivée de BT « va clairement changer la donne » mais « Ian Livingstone (le DG de BT) et ses équipes ont une réelle ambition et un plan pour la diffusion des matchs. Ils n’ont pas investi dans la fibre optique pour rien, ils veuent créer une relation directe avec les consommateurs et le football pourra y contribuer ». En effet, la nouvelle chaine sportive de BT devrait donc être disponible sur de nombreuses plateformes (TV, mobile & Internet) et donc permettre au groupe de démontrer son talent dans la fourniture de service et la diffusion de contenu.

Outre la Premier League qui voit donc ses revenus augmenter de 71%, l’autre grand gagnant de cet appel d’offre est sans aucun doute les 20 clubs de la Premier League, qui vont dès la saison 2013-14 recevoir 14 millions de livres supplémentaire par club (17.2 millions d’euros). D’ailleurs, à la fin de cette saison, le dernier de la Premier League touchera plus que les 60.6 millions de livres qu’a reçu Manchester City, champion 2011-2012 du championnat d’Angleterre !!

Pour les clubs, à la veille de l’introduction du Fair Play Financier cher à Michel Platini, président de l’UEFA, cette manne financière supplémentaire devrait leur permettre de continuer à rivaliser au niveau Européen tout en luttant contre l’inflation des salaires et la manie et folie des acquisitions de joueurs à prix démesurés. En effet, pour les clubs, il serait préférables de commencer à boucher les pertes record de 361 millions de livres (444 millions d’euros) avant de commencer à parler transfers, commissions d’agents et primes de matchs…

Néanmoins l’annonce des nouvelles recettes des droits TV laissent une question en suspens : quel impact pour le consommateur, le fan de football anglais ? En effet, avec l’augmentation des droits TV, bien évidemment chaque match coûte plus cher aux diffuseurs : 6.6 millions de livres (8.1 millions d’euros) vs 4.7 millions de livres actuellement (5.7 millions d’euros). Comment combler cet écart ? Certainement par une augmentation du prix de l’abonnement qui est le premier levier pour retrouver l’équilibre, mais jusqu’à quel niveau ? Le fan doit-il être celui qui « subit » cette augmentation record des droits TV ?

La question reste en suspens, tout comme le montant final des revenus TV de la Premier (les ventes sont encore en cours mais devraient rapporter au minimum 1 milliard de livres supplémentaire), mais cette annonce devrait continuer à faire parler d’elle de par son importance et son impact à la fois économique et sportif.