Aurore Amaury (L’Equipe), Laurent Eichinger (RMC Sport) et Laurent-Éric Le Lay (France TV) débattent du sport à la TV au festival Médias en Seine

Pourquoi le travail des rédactions est-il de plus en plus important ? Quels business models pour les détenteurs de droits de compétitions sportives ? Aboutira-t-on à un Deezer ou un Spotify du sport ? Où en est la lutte contre le piratage ? Quid de l’arrivée d’acteurs comme Amazon dans la diffusion sportive ? Autant de questions évoquées lors de la seconde édition du festival des médias de demain « Médias en Seine » (8 octobre 2019) organisés par Les Echos et France Info. Sportsmarketing.fr s’est rendu à Médias en Seine (Maison de la Radio, Paris 16e) pour assister à une table ronde spécifiquement dédiée à la question du sport à la télévision en présence de trois hauts décideurs de médias sportifs :

-Aurore Amaury, présidente du groupe L’Equipe

-Laurent Eichinger, directeur général de RMC Sport

-Laurent-Éric Le Lay, directeur des sports de France Télévisions

Médias en Seine, 8 octobre 2019. Maison de la Radio
Médias en Seine, 8 octobre 2019. Maison de la Radio

Sportsmarketing.fr vous propose une synthèse en verbatim de cette table ronde intitulée « Sport à la TV : le match gratuit-payant ? » dans le cadre de Médias en Seine.

Laurent Eichinger : « Les fédérations décident de confier leurs droits à un acteur gratuit ou payant, ou en demandant une complémentarité des droits comme en Europa League qui garde tout de même une fenêtre en clair. C’est cet équilibre là qu’il convient de trouver. »

Laurent-Éric Le Lay : « France Télévisions a une grande tradition de partage des droits avec des acteurs payants, en particulier Eurosport, mais aussi Canal+ avec la Coupe de la Ligue. Ce partage demeure important pour aider au financement du sport. »

Aurore Amaury : « Notre conviction est que le sport doit être partagé avec le plus grand nombre. Sur le terrain, comme en matière de diffusion. C’est un cercle vertueux pour tout un écosystème comme on peut le voir en cyclisme qui est visible en clair. Cette visibilité plaît aux sponsors des équipes cyclistes qui investissent et réinvestissent. »

Laurent-Éric Le Lay : « Amazon arrive sur le sport, ce sera le cas pour Roland-Garros avec des matchs en sessions de soirée. Il sera intéressant de voir cette évolution d’Amazon qui développe une forte activité audiovisuelle partout dans le monde. Là encore, on sera dans une logique de partage des droits. Est-ce que cela va se développer dans le futur ? C’est plutôt à eux qu’il faut le demander ! »

Laurent Eichinger : « Nous sommes dans notre deuxième année. Il est difficile d’être rentable au bout de la première saison. Chacun essaie de trouver son business model. En ce qui nous concerne, nous sommes adossés à un opérateur de télécommunications, à savoir SFR, qui prend en compte un certain nombre d’éléments dans son calcul global de rentabilité. Cela dépasse le simple rapport prix des abonnements versus prix de la grille. »

Laurent-Éric Le Lay : « Aujourd’hui, on sait très bien que quand le sport est diffusé en payant il s’adresse à une communauté. Quand un sport est diffusé sur une chaîne en clair, il aura alors la capacité de recruter. C’est du marketing direct ! »

Laurent Eichinger : « On a du mal à quantifier précisément ce que représente la perte liée au piratage. On parle d’une centaine de milliers de personnes. C’est un impact important. La France était en recul pour agir contre ce fléau en terme d’arsenal législatif. Depuis quelques mois, je suis plus optimiste sur cette lutte. Les anglais ont un arsenal qui leur permet d’être plus rapides et réactifs. Ils ont une couverture très large de cette problématique. »

Aurore Amaury : « La puissance digitale de l’Equipe est forte avec le papier, le digital et la chaîne de télévision. Nous sommes des producteurs de contenus, avec 300 journalistes à l’Equipe, ce qui a forcément un coût. Il faut donc comprendre qu’il y a des modèles payants, et il faut batailler contre le fléau du piratage. »

Laurent Eichinger : « Ce qui fait la valeur du droit c’est la façon dont les équipes rédactionnelles et éditoriales vont traiter ce droit, ce sport en question et ses contenus. Autrement dit, comment ils vont le mettre en valeur. »

Laurent-Éric Le Lay : « Je viens d’une génération où le divertissement reposait sur la TV. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Il y a de moins en moins de jeunes qui regardent le sport en entier. Cela doit nous interpeller pour le futur. »